dimanche 1 septembre 2013

Sukau

Quand on descend de l’hôpital en venant de Sandakan, c’est la mosquée que l’on voit en premier. C’est un petit bâtiment simple. A peine un hexagone de planches et de briques avec un toit pointu et, posé en équilibre au faît, une coiffe en croissant de lune qui brille au soleil. En serrant fort on doit pouvoir y faire asseoir une vingtaine de personnes mais c’est rare qu’il y en est autant de toute façon.

Notre mosquée devait faire un peu pitié car on la repeinte avant le ramadan. A l’heure où je vous parle, les murs sont jaunes canari et le toit bleu roi. C’est du meilleur effet. La ferveur de tout le village s’en est trouvée ragaillardie. Le minaret en bois qui se dresse à côté mais pour combien de temps encore a lui aussi subit une cure de jeunesse et l’appel du muezzine résonne désormais en technicolor.

Passé la mosquée vous entrez véritablement dans le cœur du village. C’est une grande place cabossée, poussiéreuse le matin, boueuse le soir et cernée de braves maisons vermoulues. Chacune de ces façades assoupies est le siège d’activités plus ou moins secrètes que mes humeurs vagabondes percent au jour le jour.

Impossible de deviner sans franchir le seuil que ce salon est une poissonnerie, cette arrière cuisine une superette et que cette respectable grand-mère à qui la veille j’avais déchargé les volumineux cartons est à la tête d’un trafic de cigarettes de contrebande !

L’école élémentaire prolonge un peu la perspective en laissant entrevoir derrière son sévère portail un grand espace d’herbe rafraichissante. Il faut signaler que le seul « restaurant » qui vaille en ville est la cantine scolaire. Le fait est sans doute unique au monde.

Le dernier côté est le Kinabatangan. Chocolat avec de vraies pépites qui flottent sur le dessus. On pouvait y accéder il y a longtemps par une jolie jetée mais le ponton a été emporté. Les visiteurs doivent désormais emprunter la voie des hautes herbes le long de l’ancien escalier - c’est rageant. Le chemin est glissant, la planche trop souple et les accidents malheureusement fréquents.

Ca en fait un bon endroit pour fumer des cigarettes.

Au centre de ce petit univers trônent les institutions les plus remarquables et les plus essentielles. Le bureau du Barisan national, la salle des fêtes et bien sûr, j’ose à peine prononcer son nom tant il est précieux et délicat, le point Internet.

C’est sur cette place que chaque matin et chaque soir arrivent et repartent les enfants de la région. Beaucoup viennent de loin en bateaux. Les jeunes filles portent de longs tudongs blancs, parfois rose ou violet et quand la cloche sonne c’est comme une multitude de papillons géants qui s’envolent en riant.

Le fourgon scolaire :) dont nul se s'échappe!

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